MAME LESS CAMARA : Le copain des jeunes reporters 

Plus qu’un professeur ou un doyen quelconque, Mame Less était le papa, l’ami, le confident, qui avait toujours le conseil avisé pour ses jeunes confrères.

Entre Mame Less Camara et les Jeunes Reporters, c’était une relation presque fusionnelle. Malgré des générations qui les sépare, malgré son immense savoir, malgré qu’il ait été un Professeur pour beaucoup d’entre eux, Père Less s’est toujours abaissé à leur niveau, pour encadrer, conseiller, accompagner bien des reporters qui ont eu la chance de le côtoyer. Ou tout simplement le croiser. Issu de la 44^e promotion du Cesti, Oumar Lo témoigne : « C’était notre professeur, notre modèle, mais on parlait de tout. Pour vous donner une idée, la dernière fois que l’on s’est parlé au téléphone, c’était son anniversaire. Je me rappelle qu’il me demandait après un camarade de promotion, qui échange avec lui beaucoup de films et de la musique. Il s’appelle Adramé Ismael Coly. C’est vous dire de quel genre de rapport il avait avec ses étudiants. »

Joint par téléphone, Adramé a du mal à parler de Père Less. Entre les deux, la relation était toute particulière, s’accordent à dire des étudiants du Cesti. « Au-delà du journalisme, j’ai eu la chance de partager avec lui la passion pour l’art, la culture. Après chaque cours, on pouvait rester plusieurs minutes à discuter de généralités, en particulier de la Culture, mon domaine de prédilection, surtout de septième art. Ce qui fait que j’avais l’habitude de télécharger des films ; après les cours on regarde des extraits avant que je les lui copie dans des clés USB. Il passait toutes les nuits à les regarder, jusqu’à une heure du matin quelquefois. Le lendemain, on commente. Je pouvais l’appeler à n’importe quelle heure… »

Dans le flot des témoignages, une chose ressort. Mame Less pouvait en un laps de temps déceler le talent qui dort en chacun de ses jeunes collègues. A Marie Rosalie Ndiaye, il disait : « Ioe il faut que je te prépare à prendre le Synpics ; je vois en toi une future Diatou Cissé… Il suffit juste de t’encadrer et tu vas t’en sortir », enchainait-il face au refus de cette dernière de se comparer à l’ancienne SG du Synpics. A Oumar Lo, il disait : « Arrêtez de chambrer Oumar Lo, lui c’est un érudit. Il faudra te prendre une femme pas âgée que tu vas laisser ici s’occuper de ta maman. Toi tu pars en France pour faire ta thèse… »

Mame Less ne s’en limite pas. Voyant les aptitudes de son sage étudiant amoureux des lettres et de savoir, il confie la mission à une de ses jeunes collègues qui a eu le même parcours : journaliste, universitaire avant de revenir enseigner au Cesti. « Après l’obtention de mon diplôme au Cesti, j’étais face à un dilemme. Je ne savais pas si je devais continuer dans les médias ou aller faire autre chose. Je m’en suis ouvert à lui pour avoir son avis. Il m’a dit : ‘’Adramé, ton destin est entre tes mains, tu peux faire tout ce que tu veux sur terre. L’assurance avec laquelle il l’a dit a dissipé toute hésitation en moi. Aujourd’hui Dieu a fait que suis journaliste de radio, en même temps j’évolue dans l’art sonore. N’eut été son conseil, je n’aurais pas eu le courage….. »

De l’avis de Mamadou Lamine Ka, Mame Less Camara, c’est avant tout son humilité, sa sociabilité et sa générosité. « Son cours était un dialogue. A travers les riches anecdotes qui ont marqué son parcours, il invite l’étudiant à s’inspirer de lui, de sa vie, de ses réussites et de ses échecs ».  Embouchant la même trompette, Pape Amadou Sy, journaliste à l’Agence de presse sénégalaise, renchérit : « Mame Less Camara était l’âme du Cesti. Je lui dois beaucoup. Ce qui m’a marqué, c’est surtout son amour pour le savoir et les lettres. Un jour, nous racontait-il, une grande personnalité lui a fait visiter sa belle maison avec toutes les commodités. Mais cette visite ne semblait pas trop plaire à Mame Less du fait qu’il n’y avait aucun livre à l’intérieur ; ce qui témoigne de son attachement au Savoir. Paix à son âme ! »